Construction de 47 logements collectifs en accession

Pup gingko Lot B1BIS/B2, rue de Gerland, lyon 7ème (69)

CONCEVOIR Une architecture « SITUée »

Le site du projet jouit d’un emplacement privilégié, à mi chemin entre deux univers bien distincts. Un environnement très urbain avec l’axe fort de la rue de Gerland au contexte historique affirmé et le futur site en gestation du PUP GINGKO-CANOPEA, à l’ambiance végétale bucolique assumée.

Notre parcelle fait donc office de charnière entre ces deux univers bien caractéristiques et le futur édifice qui deviendra à ce titre, emblématique et ambivalent.

1. S’INSCRIRE DANS UN QUARTIER SÉCULAIRE NÉCESSITE D’ADOPTER UNE POSTURE D’HUMILITÉ ET DE RESPECT DU BÂTI PROCHE.

La première nécessité sera donc de se fondre dans le tissu existant du quartier et plus particulièrement de séquençage de la rue de Gerland. Le bâtiment à l’échelle de la parcelle doit être une pièce du puzzle qui s’imbrique parfaitement afin de venir compléter le tableau à l’échelle urbaine.

Le tissu parcellaire existant du quartier est composé de parcelles étroites qui produisent une succession de façades singulières et amènent de la variation et de la diversité à l’échelle du piéton . Notre bâtiment utilise ce langage de gabarits de façades verticales ; plus hauts que larges. La juxtaposition de ces verticalités et l’alternance des hauteurs, « en touches de piano », viennent rythmer les perspectives et évoquer le principe élémentaire d’une ville qui s’est bâtie au fil du temps.

L’intégration dans un site requière aussi de changer de point de vue en passant d’une vision aérienne à la vision piétonne. Un socle actif participe à l’animation commerciale déjà bien présente le long de la rue de Gerland. La présence d’une faille, de largeur identique à celle d’une rue voisine, propose à l’œil une respiration végétale bienvenue dans une ambiance majoritairement minérale.

Ce vide n’est pas là pour séparer deux bâtiments et créer une percée en coeur d’îlot. Il fait partie intégrante de l’ensemble, qui ne se lit plus comme deux bâtiments mais comme un seul ensemble. Cadré par deux façades identiques, ce volume de vide se matérialise et devient presque palpable. Un arbre majestueux s’invite dans l’espace laissé libre et offre aux logements de la faille un degré d’intimité et une sensation poétique d’habiter cet arbre.

Comme pour souligner cette appartenance et ce lien de parenté entre chacun, un ruban continu vient ceinturer l’ensemble.

2. S’INTÉGRER DANS LE CONTEXTE TOUT EN S’AFFIRMANT EN TANT QUE BÂTIMENT DEMONSTRATEUR

Situé à la proue du macrolot B et dans l’axe de la rue Jean Vallet, le bâtiment bénéficie d’une visibilité accrue. C’est le premier bâtiment que l’on découvre lorsque l’on arpente le quartier. En position de «tête d’affiche», il doit attirer la curiosité et susciter l’envie de découvrir l’intérieur du macrolot. Gingko-Canopéa, micro-quartier dans le quartier de Gerland, se doit d’être relié physiquement au reste de la ville pour ne pas devenir une enclave.

S’inspirer de la composition des façades alentours de leurs modénatures, de leurs couleurs, du gabarit de leurs ouvertures et de tout ce qui peut faire l’identité d’un quartier est sans doute la meilleure manière de dialoguer avec l’existant et de produire une architecture intemporelle à l’abri des effets de mode.

3. UN BATIMENT QUI S’IMPREGNE DES AMBIANCES

On dit souvent que les contraintes d’un site nourrissent la conception. Or ce site nous offre une diversité d’ambiances.
– La rue de Gerland est animée, mais bruyante et minérale.
– La nouvelle voie Françoise Sagan créée au sud, sans masque solaire, offre une durée d’ensoleillement généreuse et joue un rôle de charnière entre le tumulte de la ville et le calme de l’îlot.
– Le jardin intérieur à dominante végétale est protégé du bruit et propose calme, sérénité et atmosphère bucolique.
– La faille à mi-chemin entre espace public et espace privé fait office de palier de transition entre ces deux séquences.

Ce projet a été pensé pour s’adapter à chacune de ces ambiances afin d’optimiser le confort des habitants. La découpe des volumes a été pensée pour favoriser l’orientation des pièces de jours et terrasses vers le sud. Dès que l’on atteint les étages élevées, de larges terrasses et balcons viennent investir les espaces laissés libres pour profiter des vues dégagées au sud et à l’ouest, là où prennent place des salons de jardin partagés. Au niveau des paliers intermédiaires des escaliers d’étage, une sur-largeur en belvédère sur le jardin accueille les différents usages que les habitants auront envie de créer. Le volume de l’escalier habituellement froid et sans vie se transforme alors en un véritable lieu de rencontres et d’échanges entre habitants. Du côté de la rue de Gerland, les espaces extérieurs se protègent des nuisances sonores et visuelles. Dans les étages inférieurs proches de la rue, des loggias assez profondes offrent protection et intimité aux habitants. Au fur et à mesure que l’on progresse vers les niveaux supérieurs et que l’on s’éloigne du tumulte de la ville, les loggias s’ouvrent et se dévoilent pour profiter des vues lointaines de la ville. La ligne de ciel commence à danser lorsque les toits s’abaissent. Les ombres portées au sol se font moins dures et plus incertaines lorsque les volumes fins et élancés du bâtiment s’affine en hauteur.

4. UN BATIMENT QUI JOUE L’ALTERNANCE ET QUI CREE DU RYTHME

Dans un contexte si contrasté, la tentation de créer un bâtiment bi-face était grande. Néanmoins, subtilement, notre bâtiment joue plutôt l’unité et la continuité de traitement sur toutes ses faces. Il répond avec douceur aux différentes variations du contexte et dialogue avec son environnement proche, notamment par l’emploi d’un vocabulaire architectural précis et sans excès. A l’image d’une partition de musique, la composition de la façade joue une mélodie à deux temps : des façades percées d’ouvertures enchaînent des moments rythmés et rapides, puis, de longs pans verticaux et lisses offrent des moments de pause qui ramènent au calme. La faille offre une vraie respiration, un temps long qui s’apprécie à l’échelle de la rue. La variation des hauteurs suggère quand à elle, des changements de tons comme pour mettre l’accent sur des notes et créer une harmonieuse symphonie. En seconde lecture, l’alternance se poursuit à travers le dialogue des différentes matérialités et la succession des plans. Le matériau ne ment pas. Dans sa plus simple illustration et de par sa fonction, il témoigne de la composition de l’édifice. En premier plan, l’ossature primaire porteuse en béton lisse s’oppose au remplissage en terre coulée non porteur rugueux en second plan. Sous forme de bas relief, cette différence de nu souligne cette opposition et protège le matériau des intempéries. Le troisième plan propose une ponctuation horizontale par la répétition de lignes fines (dalles ou linteaux) qui suggère les niveaux.

5. UN BATIMENT QUI REINTERPRETE LES CODES DE L’EXISTANT

La composition de certains immeubles le long de la rue de Gerland a particulièrement retenu notre attention et a été une source d’une inspiration certaine dans la élaboration des façades.
– Le soubassement souvent présent dans les rues se retrouve marqué par une corniche ou par une teinte de façade différente. Un graphisme «en bossage» est parfois présent sur la rue de Gerland ainsi que sur le rue Raclet.
– Le corps principal est la plupart du temps tramé verticalement et marqué par une alternance pleins porteurs et empilement de baies. Cette disposition est souvent renforcée par une différence de teinte ou de matériaux.
– L’étage de couronnement se traduit souvent par un balcon filant ou une modénature de façade caractéristique comme une frise de couleur.
– Des baies à allège basse agrémentées d’une lisse métallique ornent toues les façades. Un décaissé en bas relief vient souvent encadrer ces baies et enrichir ainsi la façade par un jeu d’ombre.
– Des oriels en saillie sur la rue redonnent des accroches visuelles dans la longue perspective de la rue de Gerland.

Les rues du quartier étant assez étroites, c’est la vision biaise et ses perspectives fuyantes qui dominent. A l’image de la rue Raclet, où nous prenons conscience de la taille modeste des parcelles qui la composent. La richesse de ce quartier provient sans aucun doute de la variété de ses façades et d’une ligne de ciel animée.

MAÎTRE D’OUVRAGE : VINCI & BNP PARIBAS

ÉQUIPE DE MAÎTRISE D’OEUVRE : Architectes : ALEXANDRE ALLEMAND Architectes (Mandataire) & ARCHI.TIME (associé)

PROGRAMME : Construction de 58 logements en accession et locaux commerciaux au rez-de-chaussée

SURFACES : 3 830 m² SDP Logement et 360 m² SU de locaux commerciaux | 3 680 m² SHAB Logements

MONTANT DE L’OPÉRATION : 5 352 000€ HT

CALENDRIER : Concours non retenu 2021 | Lauréat : SUPERMIXX

DÉMARCHES ENVIRONNEMENTALES : RE2020 | Construction en béton bas carbone ECOPACT AA dont mélange de granulats classiques et recyclés issus du concassage des résidus de béton, brique, tuile | Centrale à béton locale – Lyon 7ème | Intérieur des loggias en bardage bois